Scribere

Bruissement mousseux de la houle verdâtre,
Sous les assauts assonnants des flots furieux
L'assemblage imbriqué murmure, caquète et croasse.
Sifflements suspicieux d'une vitesse enivrante
La mâture gémit, où ce vent porte-t-il ?
Peu importe après tout puisque l'on avance,
Avancer, le vent souffle et l'ailleurs est là
L'inconnu, l'inconstant, ces rivages sans noms
Que l'on peut à loisir nommer.
Ivresse de l'esquif qui se fraie dans les flots en furie
Un faisceau léger englouti d'écumes bravant les écoutilles.
Sel de la terre, ondée des cieux, souffle puissant de l’atmosphère,
Les éléments jaillissent en gerbe sur la proue malmenée,
Explosion de la création.
Mais où courir puisque courir il faut.
Le vent en décide, safran absent, gouvernails ingouvernables
Vaisseau sans tête, porté au grès du zéphyr joueur.
Mais non, trempé de sueur, il émerge, cherche à tâtons ses lunettes,
Tremblant, il met la main sur un
Briquet
Allume une flamme, retourne ses cartes...
Il sait, il la voit, il connaît.
Bondissant sur l'avant-pont
Il constate avec angoisse les souffles marins et l'onde déchaînée qui balaye le ponton.
Mais il sait.
Il prend la barre, hésitant.
Et d'un coup sec,
Les ancres tombent, pénètrent l'Océan,
Ils courent vers l'abîme et là,
Dans un fracas immense,
Heurtent la roche, luttent avec le sable et enfin,
S'arriment à une aspérité volcanique.
Tensions brutales
Les chaînes tiennent bon
Les fers résistent
Le vaisseau s'arrête net.
Il diminue la voilure
Le vent n'a plus qu'un faible pouvoir
Il n'y a plus de voilure
Le vent n'est plus rien.
Alors il se retourne,
Satisfait,
Descend à la cabine, s'essuie le front, change sa chemise, s'installe.
Enfin, à la lueur de la flamme vacillante, il ouvre l'encrier,
Mordille la plume, l'humidifie et
Apaisé,
La fait glisser sur le papier.