Apesanteur
Un silence absolu s'est abattu sur ses oreilles,
Nulle vie, nul son, seule la lenteur, l'apesanteur,
C'est comme un rêve.
Pourtant il est bien là, être vivant au milieu de nulle part.
Sous ses couches de plastiques et de verres,
Il peut vivre,
Mais pour combien de temps ?
Il est une étincelle de vie au milieu d'un océan noir,
Parsemé de luminaires,
Comme des perles de lumière au fond de quelque chose qui n'a pas de fond.
Il est une rencontre étonnante,
Elle l'aurait jamais dû être.
Il flotte là où nul n'a été,
Là où les poètes les plus fous rêvaient d'aller,
Il contemple la Terre,
Quel improbable mystère,
Mais il est là,
Et la beauté de ce qu'il voit fait naître en son esprit une nécessité :
Sa place est ici,
Son souffle est coupé.
Il reprend doucement sa respiration.
Une boîte dans son dos lui offre un air sous compression
Que l'on ne peut respirer à plein poumon,
C'est un air qu'il faut siroter, savourer dans l'infini,
Quel prix pour cette chimie invisible dont dépend sa vie.
Le long de ses tempes, des goûtes de sueur coulent lentement
Et lui chatouille le cou.
Le silence est lourd,
Entrecoupé par des coups sourds,
Qui résonnent en un lointain intérieur,
Un cœur qui bat en apesanteur.